Le choix d’un type d’aéronef implique de nombreuses décisions, concernant principalement les caractéristiques de performance du type, mais aussi, bien sûr, le financement nécessaire pour ajouter des appareils à la flotte. Parfois, cela signifie que la compagnie aérienne doit réunir les fonds nécessaires pour acheter l’appareil, alors que parfois, la meilleure option de financement est le crédit-bail.
Si cette dernière option est choisie, il s’agit alors de trouver une société de leasing disposant du type d’avion sélectionné, puis d’évaluer les coûts. En ce qui concerne les avions à fuselage étroit crossover, le nombre de bailleurs qui ont commandé des appareils de la famille Embraer E-Jets E2 ou du couple Airbus A220 est nettement inférieur à celui des bailleurs qui ont des Airbus A320neos ou des Boeing 737 MAX dans leur portefeuille.
Parmi les grands noms du leasing, GECAS possède tous les types d’E-Jet E1, mais pas encore d’E2. Le bailleur a commandé ce type d’appareil au début des années 2000 dans le cadre de commandes passées auprès des trois constructeurs d’avions régionaux de l’époque : les E-Jet d’Embraer, les CRJ de Bombardier et les 728 de Fairchild Dornier. Chacun de ces types était équipé d’une variante de la famille de moteurs GE CF34.
GECAS est en cours d’acquisition par AerCap, qui possède elle-même 50 Embraer E190/195-E2, commandés par International Lease Finance Corporation (ILFC) lors du lancement de ce type d’appareil au salon du Bourget en 2013. AerCap a racheté ILFC en 2014.
Toujours parmi les grands loueurs, Air Lease Corporation, dirigée par Steven Udvar-Hazy, s’est engagée pour 50 A220-300 après avoir signé une lettre d’intention au salon du Bourget 2019. Parmi les loueurs spécialisés dans les avions autres que les gros porteurs et les avions à fuselage étroit, Nordic Aviation Capital (NAC) a dans son portefeuille 149 E190/195 E1 et sept A220.
TrueNoord Regional Aircraft Leasing est un autre de ces loueurs spécialisés et possède actuellement quatre E195-E1 dans sa flotte, pilotage avion Aix en Provence mais il est clairement intéressé par les modèles actuels puisqu’il vient de publier son propre « Crossover Jets Market Report ».
Le directeur commercial du loueur, Richard Jacobs, décrit ce que la société considère comme les principales caractéristiques et qualités de ces types d’appareils. « Le rayon d’action plus important par rapport à la génération précédente de jets régionaux permet aux nouveaux jets croisés de remplacer de manière viable la génération précédente d’A319/737-700. Nous avons donc tendance à considérer les jets croisés comme un complément à l’exploitation régionale plutôt que comme un remplacement de la génération actuelle d’E-Jets », explique-t-il.
« Les nouveaux jets crossover offrent également des coûts d’exploitation très compétitifs, ce qui a pour effet de faire d’une pierre deux coups », ajoute-t-il. « Pour la première fois, ces jets peuvent concurrencer les gros avions à fuselage étroit sur la base du coût par siège-mille, tout en offrant une capacité inférieure ou similaire à celle des avions à fuselage étroit. Deuxièmement, ils signifient également qu’une nouvelle étape dans l’amélioration des émissions environnementales peut être franchie. »
Avation, basée à Singapour, possède six A220-300 dans son portefeuille, tous loués à airBaltic, selon le directeur commercial, Rod Mahoney. « Nous ne considérons pas que les versions plus petites disposent d’un grand marché ou d’une grande base de clients – ce qui est important pour un bailleur – et nous n’investissons donc pas dans les petites variantes d’avions à réaction régionaux », note-t-il.
Le coût par siège-mille est également la caractéristique clé soulignée par Mahoney pour ces avions. « L’A220-300 a un coût siège-mille comparable à celui de l’A320/737-800, mais présente un risque de capacité plus faible sur les marchés concurrentiels. Les A319 et 737-700 (et neo/MAX) de taille similaire ont un coût siège-mille plus élevé et un prix d’achat plus élevé et ne sont plus commandés par les compagnies aériennes, les commandes étant la preuve de leur popularité. »
Si les bailleurs sont confiants quant au marché des jets crossover, les appareils sont susceptibles de prospérer de manière différente dans chaque région géographique. « Les marchés les plus probables seront ceux qui sont très fracturés », déclare Mahoney, « et évidemment les marchés où les volumes de trafic ne peuvent pas supporter des avions plus grands, les États-Unis et l’Europe étant les marchés les plus importants. »
M. Jacobs de TrueNoord considère également que les marchés où l’autonomie est importante sont importants. « Cela signifie que les distances sont plus longues et le trafic moins dense que pour un gros avion à fuselage étroit, par exemple aux États-Unis, de l’Amérique du Sud vers les États-Unis, en Europe et entre l’Europe et l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et la CEI », note-t-il. « Pour les liaisons plus épaisses, échanger la fréquence contre la taille de l’appareil peut être une option viable pour améliorer la qualité du réseau.
« Sur les distances plus courtes, les jets croisés de nouvelle génération devront concurrencer les jets régionaux du marché secondaire. Et avec leur coût d’investissement nettement inférieur, la réduction des charges liées au poids et des coûts de maintenance, il est difficile de les concurrencer, même avec plus de sièges dans l’avion », commente M. Jacobs.
Sous l’effet du COVID-19, de nombreuses compagnies aériennes ont cherché à redimensionner leur flotte, ce qui amène à se demander si la vision des bailleurs sur le rôle des jets croisés dans les opérations a changé suite à la pandémie. « La question se pose alors de savoir si le point de vue du loueur sur le rôle des jets croisés dans les opérations a changé suite à la pandémie.